04-27-2025, 02:07 PM
(Modification du message : 04-27-2025, 02:08 PM par Banana split.)
« on ne peut pas parler d’un réel travail »
Pas d'accord, leur travail avait fait l'objet d'un article dans Chasseur d'image. C'est du sérieux
J'avais, il y a quelques années, rédigé quelques lignes (sans prétention, mais ça me passionnait à l'époque) sur ...
... Photographier les îles
Introduction
Ayant un peu abordé ce sujet dans le forum, au travers de diverses remarques ou questions, j’ai eu envie de regrouper mes réflexions dans un thread unique. Mes observations vous paraîtrons peut être naïves mais elles sont issues d’interrogations personnelles pour lesquelles je n’ai jamais eu de réponses totalement satisfaisantes. Je vous invite d’ailleurs à compléter ces lignes.
Les îles c’est la passion d’Antoine bien sur et des personnes qui fréquentent ce forum.
Comment donc ramener de bonnes photos de ces endroits enchanteurs et éviter quelques surprises désagréables ?
1- Le matériel
La première question à se poser est : aimez vous voyager léger ou lourd ?
La recherche du piqué par exemple implique de se pencher sur les performances de l’objectif, donc à choisir un appareil du type reflex permettant justement de choisir son objectif et ainsi d’embarquer sinon des focales fixes, au moins deux zooms.
Cette même exigence devrait vous conduire si vos pas vous conduisent dans les îles métropolitaines (Ile de Ré, Corse, îles anglo normandes ou le degré d’ensoleillement n’est pas celui des îles tropicales …) à embarquer un pied photo ou du matériel doté de stabilisateur optique pour bien restituer les détails d’un paysage en associant vitesse lente et profondeur de champ. A l’inverse un soleil abondant permettra de combiner vitesse rapide et allongement du champ et de se passer de ces accessoires ou options: bien pratique quand on photographie à partir d’un bateau !
L’avènement du numérique ne sonne d’ailleurs pas la fin du fourre-tout : on n’emmène plus de films mais il faut quand même caser un chargeur, des batteries, des cartes mémoires…Un mot à ce sujet. Prenez des cartes mémoires de grande capacité. Celles fournies avec les appareils à l’achat ne sont pas suffisantes. Par exemple pour un capteur 6M pixels, prévoyez au minimum une carte 512 MO voir 1 GO et mitraillez sans contrainte. Faites l’acquisition de deux batteries. Quand l’une charge, l’autre est utilisable.
Enfin, pour les navigateurs, prévoyez un sac Aiwa marine ou …rangez le tout dans une glacière en cas de gros temps.
Parlons des compacts numériques ou photoscopes. Il n’ y a pas si longtemps le critère de choix judicieux était, avant même le nombre de pixels, le temps de réaction du déclencheur. Si la photo d’action n’est votre priorité, avec un bon ensoleillement vous ramènerez de bonnes images. Un 5 M pixels est une bonne base pour des photos A4 à visualiser sur votre micro-ordinateur. S’il est doté d’un stabilisateur optique il vous permettra de prendre quelques images d’un port ou d’une marina le soir sans flou de bougé, ou des vues aériennes.
N’oubliez pas cependant que dès que la scène à photographier s’anime un peu (danses, dauphins.. que sais je) rien ne vaut un reflex !
Terminons justement par les reflex.
Un bon compromis au niveau des objectifs est de choisir deux zooms : un trans standard et un télé. Le choix des focales fixes pour les jusqu’au boutistes du piqué présente un danger. Changer d’objectif est une manipulation délicate. Gare au sable fatal !
Deux zooms de qualité optique convenable constituent un excellent compromis. Privilégiez un grand angle dans le zoom standard (35 mm ou 28 mm format 24X36 soit en gros 18 mm au format numérique 1.6)
De plus en plus les grandes marques conçoivent des zooms présentant un range important offrant l’avantage de couvrir toutes les focales, 18-200 par exemple. Ce peut être un bon compromis aussi à condition de les utiliser aux ouvertures moyennes, de fermer les yeux sur la distorsion aux focales extrêmes (les lignes droites se transforment en courbes), de trouver un flash compatible… et de croiser les doigts en vitesse lente (photos au crépuscule).
Mais lez zooms vissés à demeure permettent d’évacuer la problématique du nettoyage du capteur, vulnérable à la poussière et donc c’est un bon point également pour les compacts
Il est temps de terminer ce paragraphe bien long sur le matériel, typique de l’amateur de base que je suis.
2- L’exposition et le rendu des couleurs
Comment exposer convenablement, en particulier sous les tropiques ?
Sans exiger des rendus professionnels l’amateur souhaite au moins que la mer Caraïbe ressemble à la mer Caraïbe et pas à l’Océan Atlantique
Voilà un sujet sur lequel je n’ai jamais trouvé de réponse totalement satisfaisante dans la littérature photographique et dont l’exposé fait appel à des invariants et des nouveautés thématiques.
Pour les nouveautés : il y a encore, 3 ou 4 ans il était courant de comparer les avantages de la diapo et du film concernant la latitude d’exposition et la restitution des couleurs. Mais voilà aujourd’hui la diapo c’est fini… et le film pratiquement. Dernière nouvelle (Chasseur d’images 281) Nikon arrête la production d’appareils argentiques et Canon semble prêt à le suivre (quant à Minolta c’est plus simple ils disparaissent !)
Cependant quelque soit le support, argentique ou numérique, c’est le photographe qui en dernier ressort détient les clefs de la bonne exposition.
Prendre des images d’îles fortement ensoleillées relève théoriquement de la gageure : les systèmes d’exposition des appareils sont calés autour de ce qu’on appelle le gris moyen (18%).Or le gris aux Maldives ça n’existe pas : par contre le blanc éblouissant du sable corallien, on ne voit que ça.
Bien entendu je noircis un peu le tableau : les systèmes d’exposition multizones semblent prendre en compte de plus en plus ce type de vue
Comment remédier à un rendu non désiré ?
Tout d’abord les photoscopes permettent de visualiser immédiatement et approximativement le rendu des couleurs et de l’exposition, sans préjuger du résultat final sur papier.
Si vous avez un doute, voici quelques suggestions :
- Choisissez les heures matinales ou les fins d’après midi ou la lumière est moins violente
- Faites une mesure sur votre main ou mieux sur le tronc d’un cocotier (!) pour retrouver ce fameux gris moyen : notez le couple diaph/vitesse
- Utilisez comme les pros de la mode un flashmètre qui mesurera la lumière incidente sur le sujet et non réfléchie comme les appareils photo
- Encore plus simple, achetez une carte postale contenant le rendu colorimétrique (sable, mer) désiré et donnez là avec votre CD à un labo pro.
- Retroussez vos manches et réalisez un traitement post numérique vous-même sur votre ordinateur.
Il n’y a pas que le sable qui trompe les systèmes d’exposition. Un reflet d’argent de trop à la Charles Trenet sur une vague, et hop votre mer magnifique se transforme via une dramatique sous exposition en avis de tempête, ou le coucher de soleil en nuit américaine.
Un autre souci apparaît sur les appareils numériques (signalé par Chasseur d’images et que j’ai pu constater sur mon appareil) : le rendu des hautes lumières. Les capteurs ont du mal à les détailler et on a l’impression parfois d’une trouée blanche.
3- La composition : le paysage
Le soleil, les belles couleurs, tout cela est bien mais encore faut il ordonner tous les éléments de l’image future.
D’abord disposer d’un grand angle (28 mm, 35 mm format 24X36).A partir du 24 mm on embrasse un paysage plus grand mais l’horizon est repoussé et il faut inclure des objets au premier plan. Ne surtout pas oublier que les petits capteurs numériques ont pour effet de transformer les grands angles en standards. Exemple un grand angle 35 mm monté sur un appareil numérique doté d’un capteur 1.6 devient un quasi 60 mm
Pour les règles de cadrage, voyez les photos d’Antoine : vue surélevée pour mieux appréhender une baie, choix d’un premier plan (fleurs ou plantes, voyez la séquence Marquise sur le dernier film) ou encore cette extraordinaire photo calendrier de juin 2004 : sous une douce lumière l’œil est guidé par un petit banc de sable en bas à droite de la photo qui serpente jusqu’à l’annexe jaune accostée à une île des Tuamotu en haut de l’image. Tout est net sur cette vue. Du grand art. Les amateurs munis d’un objectif à décentrement ou d’une chambre photographique savent de quoi je parle. Aujourd’hui les logiciels de retouche type DXO permettent de maximiser le plan de netteté.
Redressez les horizons marins : deux possibilités
- faites installer sur votre reflex un verre de visée quadrillé : deux traits fins horizontaux et verticaux suffisent. Avantage, l’image est divisée en neuf pavés qui vous aideront à respecter les lois de la composition (le nombre d’or !), en particulier à décentraliser le point fort de l’image dans le tiers droit.
- Rectifiez en post traitement sur ordinateur. Par exemple sur Photoshop element :
• Image, redimensionner zone de travail (+5 et + 5)
• Image rotation personnalisée (en choisissant la bonne valeur angulaire l'horizon devient... horizontal, mais la photo de travers)
• Outil de recadrage puis Retour Chariot
• Enregistrer avec la valeur de résolution désirée
Dernière chose, soignez le piqué. Devant un beau paysage enlevez le filtre UV pour maximiser la qualité, ouvrez à f 8 en numérique, stabilisez avec un pied ou autre.
Tant qu’à utiliser un filtre, choisissez un polarisant pour saturer les bleus-verts éblouissants de la mer ou les couleurs éclatantes de la végétation, voir les contrastes fantastiques des habitations de l’île de Santorin
4- La composition : le portrait
Là aussi des invariants et des nouveautés
L’avènement des petits capteurs numériques a pour conséquence un allongement de la profondeur de champ. Pour qui a goûté avec les reflex 24X36 aux fonds flous c’est un casse tête de réaliser un portrait dans les règles de l’art avec un zoom standard. Il faudrait disposer d’objectifs à très grande ouverture (f 1:8 par exemple)
Heureusement les îles vont venir à notre secours. Placez votre modèle devant un fond uni, mer, ciel par exemple. On verra plus loin que l’utilisation d’un télé améliore la situation.
Traditionnellement on recommande un petit coup de flash (même en plein soleil), à moins de disposer d’une vahiné munie d’un réflecteur blanc. Résultat professionnel garanti.
5- Les sujets
Mers, arbres, végétations, habitants des îles, images pittoresques des ports, paysages naturels ou artificiels les sujets ne manquent pas. Les ouvrages du Capitaine nous seront d’un grand secours, en particulier « la plus belle île du monde» DVD + album ou l’album « d’île en île »
Profitez des couleurs, utilisez le graphisme propre à certains sujets, les rizières de Bali par exemple. Les téléobjectifs montés sur les appareils numériques à petits capteurs seront bien utiles pour photographier les oiseaux. Un 300 mm se transforme en effet en équivalent 460 mm pour le 24X36.
Conclusion
Je n’ai pas abordé un sujet malheureusement très important pour les îles car ne pratiquant pas moi-même : la photographie sous-marine.
Si on se limite aux très petites profondeurs d’eau, avec masque tuba et compact étanche on doit ramener facilement quelques souvenirs colorés sympathiques des poissons des lagons.
Par contre la photographie à plus grande profondeur nécessite matériel étanche, grands angulaires, multiples flashs puissants et bien entendu une certaine pratique
Enfin, au retour, montez un petit diaporama de vos photos (type PowerPoint), joignez y de la musique et regardez les sur votre ordinateur. N’attendez pas trop du rendu des images JPEG sur un téléviseur actuel. La définition procurée par les capteurs des appareils photos est bien supérieure à la restitution PAL/Secam.
Voilà ce que j’avais à dire. J’ajouterai que la photographie (celle des îles en particulier) est le moyen pour moi de témoigner de la beauté du monde. Une conception limitative ?
Certes, mais je l’assumes.